vendredi 14 décembre 2018

L'escalier




En rentrant chez moi, c'était un soir. Il y avait un tel silence, lorsque j'ai tourné la clé dans la serrure j'ai cru me réveiller.
Je montais l”escalier et j'ai vu un homme, un homme qui n'était pas là. Je fermais les yeux pour ne pas le voir, montant l'escalier presque en courant, espérant ne pas le toucher.
J'ai mal dormi cette nuit là.

Le lendemain, il faisait encore nuit. J'ai regardé l”escalier et il n'y était pas. J'avais peur, mais il n'était rien, il était vide.
Il n'était pas là le jour d”après non plus.
Je me suis mis à prier, à espérer. Ne pas le regarder, surtout qu”il ne me regarde pas. Alors je passe à coté, collé à la rampe, essayant de me faire plus fin que du papier.

Je dormais mal, tournant dans mon lit, les yeux crispés pour ne pas voir. Et s'il me touchait, s'il me voyait... Je me raidissait, dans la crainte de sentir sa main passer sur mes draps, sa face sombre tournée vers moi. J'étais toujours trop grand, trop gros, il allait forcément me voir. Je n”arrivais pas à me cacher, trop visible, trop bruyant.
Chaque fois que je rentrais, la clé dans la serrure me trahissait par son grincement interminable. Elle l'appelait.
Dans l”escalier noir, il n'y était pas et mon coeur voulait éclater mais il faut monter, ne pas rester en bas. Alors je passe, je me réduit, petit à petit, pour ne pas me voir, pour ne pas être vu. Et je dors mal, je suis petit dans ce trou. Je l'entend qui cherche, il allume la lumière, il chuchote mon nom dans les coins de la pièce. Il ne m'appelle pas, il me vide, dépose des morceaux le long des murs. J”entend son grincement, il frotte ses mains sur les parois, il les longe et à force il va tomber sur moi.
Je ferme les yeux jusqu’à en avoir mal, si je les enlève, s'il ne me reconnait pas, peut-être ira-t-il trouver quelqu'un d'autre.
Mais il n'est pas là, il n'est pas dans l”escalier et il cherche.


J'aimerai tellement qu”il s'en aille.




inspiré d'une réplique du film Identity