dimanche 19 mai 2013

Cycle




Les mains liées, le souffle court, les muscles tendus. Trébuchant, alignant des petits pas précipités.
Une course circulaire et perdue, le souffre coule, de ses poignets la corde se défait.
Le ciel au dessus de lui a cette étrange couleur mauve, si neutre qu'on oublierai qu'il est là, le sol est à peine plus tangible, de maigres buissons de doigts l'ébouriffent par endroits, et c'est à peu près tout.
Ses pas tournent en rond, il danse sur un vinyle, petite pointe de diamant qui raye les parois de son crâne. Quelques notes aigrelettes lorsqu'il trébuche, quelques croches, quelques blanches, le voila qui titube comme un somnambule, le voila qui tâtonne telle une chauve souris aphone.
Il a beau tambouriner aux paupières, il ne trouve pas la sortie, au loin peut-être se dessine elle-même une maison, disons un cube de ciment car je ne sais pas vraiment dessiner. Il part, il glisse dans les rainures du disque sous son ciel violet, s'il tend la main un oiseau s'y pose. La maison est grande, murs gris comme prévus, mais toit effilé d'un pourpre profond, une cheminée y est plantée, comme un épieu fumant dans la tête d'un sanglier. Pour un peu on y verrait la fenêtre par laquelle il regarde. Pas de porte mais un trou sur un de ces murs, et à l'intérieur ? Pas grand chose, un lit de sangles, une chaise en bois rongée aux vers mais dure comme la pierre, une carafe d'eau claire à ses pieds. La fumée viens d'ailleurs, mais le plus étonnant c'est la vacuité de ce lit. Peu importe.
Il a déjà vu tout ça, il connait cet endroit. Il prend une nouvelle gorgée d'eau dans le pichet et sort de la maison nue. Ses pieds traînent le sol, la lumière décline, la tête basse, le cœur à bas, de guerre lasse, il reprend sa marche, contraint de la même manière que les secondes suivent les heures.
Les yeux creux il laisse le disque tourner à vide, sans y imprimer la moindre trace, il se laisse couler, une goutte de pluie. Cela fait si longtemps maintenant, il veut sortir, il en a assez, il a assez vu, assez vécu sous ce ciel mauve et muet, où est la suite ? Où sont les clochers, les routes, les arbres, où est le soleil ? Un vague trou dans sa mémoire, un tache brillante, quelques rayons qui percent les limbes, il est là, ce qu'il cherche. Qu'est ce que ça fait là ? Pourquoi cherche-t-il ici ? Le souvenir est trop loin, il a beau tendre la main il ne parviens pas à l'atteindre. De hurlements en regrets le voici qui s'éloigne, un froid mou le remplaçant, il n'a même pas pu voir sa forme, que cherche-t-il ? Où sont passées mes idées ? Le sol se dérobe sous mes pieds, mes jambes se contractent pour prévenir une chute fantasmée, mes bras s'agitent comme au fond d'un puit, la lumière, oui c'est ça qu'il cherche.
Les yeux s'ouvrent.

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