dimanche 4 septembre 2016

Tremens






Les gens parlent, amassent des petits tas, repeignent leur terrier, protègent leurs oreilles du vent. La douleur les poursuit, suintant de leur ombre mais il ne faut pas y penser non, il faut avancer ne surtout pas se retourner, se souvenir de qui il était.

C’est trop tard pour lui, il est parti, un sourire a tordu sa ride et c’était fini, si vite, si proche, ma mémoire me ment déjà.


Elle était là, dans la lumière qui voilait ses traits. Une colonne de feu lui tombait du ciel et plus je m’approchais plus la lueur devenait forte. La chaleur du soleil augmente à mesure que ma main va toucher la lumière. Et puis le froid.


Il a dit que tout irait bien,
Il a dit que tout irait mieux,
Il a dit des mondes peuplés de couleurs, il a parlé de lui, que tout cela changerait. Les promesses au beau plumage. Et puis la liqueur qui déborde de son cœur, confit dans la bouteille, placée sur une étagère, avec une belle étiquette : « bonheur ».


Le voilà qui ouvre le cristal, verse le rubis, s’étourdit d’éther. Je le vois danser avec sa chaise, lever le doigt du sage en déclamant des mots d’enfants. Il aime mon visage, la chaleur rougit le sien, ses yeux partent déjà au-delà de nos murs. Vers l’arrière de son crâne, ils roulent dans leur orbite, s’affolent en tous sens, ils visent son côté gauche, vers la table, le flacon le surveille. 
Tu crois que tu le vide mais en versant son contenu dans le verre c’est un peu de toi que tu enferme dans la bouteille.





image : Elicia Edijanto-Kids and Animals

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