mardi 16 avril 2013

Je creuse mes heures




Rageusement, les mains pleines de crasse, les bras usés par la hargne, je m'enterre dans le long temps, je m'engraine dans un désert de sel. Je m'enterre dans cette matière meuble, ferme les yeux du ciel et creuse, creuse, creuse.
Je creuse mes heures, jusqu'à que le trou me dépasse, que des obstacles jaillissent des murailles, des impasses en failles, de montagnes en épaves, fermer chaque porte de mon cerveau, la tête la première dans le caveau.
Que le temps me fuie, que le sommeil me renie, laissez mes ongles gratter la poussière, chercher des pierres de sang, laissez mes idées se tamiser, que j'abreuve mes doigts d'or.
Que la lumière se cache, que la douleur soit partiale, ma pensée est petite, courbez vous avant d'entrer. Tordez vous, masquez vous, dansez dans le Feu, crachez vos réalités dans les cendres, regardez moi, regardez vous, qui veut descendre plus bas encore ?
Qui se crèverait l'oeil qui a vu le mal, qui trancherait la main voleuse, qui choisira la peur plutôt que la douleur ?
Ne regardez pas les brèches de vos murs, creusez encore, allongez la cheminée, enfermez le soleil dans le puits.
Rien ne bouge ici, n'existe que ce que je touche, n'est réel que ce que j'éclaire, un lent bourdonnement dans mes oreilles.
Parfois la lumière poignarde mes yeux, parfois une colonne d'air frais décharge ses odeurs, des voix griffent mes tympans.
Alors je continue, la tombe est profonde, au bout du chemin l'éternité, vide, froid, calme. J'ai peur alors je continue, la clepsydre à ma poursuite, je creuse encore, je creuse mes heures.




Image : Burzum

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